Il y a un peu plus de dix ans, Daniel Mendelsohn publiait Les disparus, extraordinaire récit qui relatait la quête de l’écrivain sur les traces laissées par des membres de sa famille disparus dans les camps nazis. Il nous revient aujourd’hui avec un nouveau livre de non-fiction, un non-roman hautement romanesque, enquête où la subjectivité de l’auteur confère au texte une portée universelle à partir d’une expérience pourtant bien singulière.
Daniel Mendelsohn est professeur de lettres classiques dans une petite université du New Jersey. Le premier fil narratif d’Une odyssée — premier bonheur de lecture — nous fait assister à un séminaire sur le texte homérique que dirige Mendelsohn. Il y propose des analyses brillantes et des interprétations passionnantes de l’épopée d’Ulysse à des élèves qui les discutent, qui les prolongent ou les contestent.
Un deuxième fil narratif suit le père de Mendelsohn, vieil homme de 81 ans, rigide et peu amène, qui lui demande la permission d’assister à son cours. Cela donne lieu à des scènes très drôles où le vieil homme réfute ouvertement les interprétations du fils sous le regard amusé des élèves. Une disputatio très stimulante s’instaure entre les différents protagonistes.
Un troisième fil nous emmène en compagnie du père et du fils dans une croisière historico-touristique en Méditerranée sur les traces d’Ulysse. Mendelsohn fils découvre alors un autre visage de son père, convive joyeux qui amuse la galerie mais aussi père plein d’attentions vis-à-vis de lui.
Mêlant tous ces fils narratifs avec le récit d’Homère, dans une construction aussi joyeuse que subtile et raffinée, Mendelsohn nous confie un récit captivant et riche de réflexions profondes sur les rapports père-fils, maître-élèves, et cette question, au cœur de l’Odyssée : qu’est-ce qu’un homme ?
Une odyssée appartient à ce genre de livres, débordant de générosité, qui rendent heureux. Quel beau cadeau ! (O.V.)